LE BÜRO

Underground investigation on music affairs

La Poexe // Dexit // L'Index

au Quai des Brumes

math punk, noise rock, nu-metal, post-punk, rock expérimental

La Poexe (Crédit photo : Maxime Beaulieu)
Soluté Records présente LA POEXE + DEXIT + L'INDEX @ Quai des Brumes,  Montréal - 8 mai 2025 - Le Quai des Brumes, Montréal, QC -  Lepointdevente.com

Le nom de Soluté Records ne vous dit peut-être rien, à moins que vous ayez, comme moi, infiltré la dernière édition du festival M pour Montréal en novembre dernier en tant que bénévole, préférant prendre en filature les trésors musicaux cachés dans les sous-sols plutôt que les têtes d’affiche. Lancée en 2020, cette agence de gestion d’artistes de Jonquière contribue au développement de la scène musicale du Saguenay–Lac-Saint-Jean et encourage la relève régionale à s’autoproduire sans avoir à déménager à Montréal ou à Québec. Parmi ses réussites, on compte le groupe de rock psychédélique garage pop Cure-Pipe, demi-finaliste des Francouvertes en 2023, récemment repéré dans le Top Franco de CISM et sur les t-shirts des fans de Choses Sauvages. Pour continuer à faire rayonner la musique alternative de la région, l’équipe organisera du 15 au 17 août son nouveau festival L’International Périphérique (Xavier Caféine, PYPY, La Sécurité, Isabelle Charlot) sur le site du Mont Édouard, dans l’ancien Royaume De L’Anse-Saint-Jean (oui, cette monarchie municipale a bel et bien existé, on s’en reparlera une autre fois).

Ce soir-là au Quai des Brumes, l’ambiance avait une allure de réunion de famille, avec un public restreint d’habitués du festival Le Grand Tintamar de Tadoussac ou de la scène du Lac. Quelques curieux étaient aussi là pour vérifier si les frères d’Angine de Poitrine avaient fait le déplacement. Mystère … Une chose est certaine, ces deux héros masqués sont prêts à sacrifier leur propre identité pour empêcher la scène musicale du Saguenay d’être engloutie par un déluge culturel ou numérique.

Soluté Records présentait en ouverture L’Index, un jeune quatuor post-punk et psych de Trois-Rivières. Le groupe connaît bien ses références, fusionnant l’héritage mélancolique et mythique de Joy Division avec le sentiment de nostalgie hantée des biélorrusses Molchat Doma. Folie, faux espoirs, tréfonds, perte de repère, perte de foi, perte de sens. Tout y est pour exprimer le sentiment d’angoisse qui nous saisit durant l’adolescence face à une société morne et un futur dystopique. Même si L’Index navigue sur des territoires sonores déjà bien familiers, il pourrait bien trouver des oreilles attentives en s'entourant des groupes montréalais Shapes et Oiseau de proie.

Pour sa toute première performance à Montréal, la nouvelle recrue de Soluté Records, Dexit, venait nous présenter son premier EP “Suprême DXT”. Le duo, partagé entre la ville de Québec et la municipalité de Ste-Rose-du-Nord, ne cherche pas à impressionner les foules. La formule se veut à la fois simple et efficace : d’un côté, Sébastien Delorme (Saints Martyrs, Mon amie Souffrance) à la guitare et programmation, de l’autre, Daniel Hains-Côté (Saints Martyrs, Adieu Narcisse, La dame ovale, Mon amie Souffrance) à la batterie et programmation. 

Deux vieux potes donc, l’un guitariste autodidacte, l’autre formé en percussion à McGill, réunis dans une nouvelle bulle créative qui évoque une version instrumentale de CRABE. Guitares distordues, changements de rythme brusques, promenade épique, course-poursuite au ralenti, puzzles et autres casses têtes sonores. L’univers de Dexit évoque une esthétique sonore proche d’un jeu vidéo des années 2000, impression confirmée lorsque le groupe se met à jouer un medley de Mario 64. Tandis que le groupe montréalais de punk hardcore Power Drop vient tout juste de lancer son propre jeu vidéo pour accompagner la sortie de son EP éponyme, on serait curieux de voir ce que le petit monde virtuel de Dexit pourrait donner à l’écran.

Si vous ne connaissez pas La Poexe, La Poëysce, LA POÊSSE ou La Poësse, alors vous ne connaissez vraiment pas votre Québec alternatif. A la fois mythique, mystique, myalgique et mystérieux, ce duo absurde de free jazz et de math punk, originaire de la municipalité de Saint-Fulgence est une bibitte méconnue de tous, mais reconnue par les initiés. Pour Marc Mackin (guitare baryton) et Charles Thibeault (batterie), rien n’a besoin d’être retouché : la performance est là pour faire sauter une barrière. Les figurines en bois peuvent prendre feu. Les ordinateurs deviennent des punching bags. Un androïde extraterrestre peut surgir sans prévenir dans le public. Des spectacles mémorables, trop négligés. Psychosés ? Improbables ! Vous avez le gras dur. C’est prosaïquement chier dans ta caisse. Nous ne sommes pas là pour occuper une place centrale. 

Rien ne justifie l’existence de ces quelques lignes. Je suis censée vous parler d’autre chose mais le sentiment que procure La Poexe en concert est bien caché là. Le sens est sens dessus dessous. Ça transpire. Ça purifie. Ça poisse. 

À lire dans Le Devoir du 16 mai 2025, un article de Philippe Renaud intitulé « La route du punk passe par Saguenay, Québec et le Pouzza Fest ». Dogo Suicide était sur scène le 18 mai à 21 h au Cabaret du MEM, à l’affiche de la 13e édition du Pouzza Fest. 

Naviguant entre musique progressive, post-rock et influences classiques, Isabelle Charlot vous invite au lancement de son tout nouvel album “ Pour éblouir la fin du monde ”, qui aura lieu à Montréal le 29 mai 2025 (L'Oblique Disquaire à 18h et Casa Del Popolo à 21h). Originaire du Bas-Saint-Laurent et établie dans la région depuis 2019, l'auteure-compositrice-interprète formée en piano-jazz et en sciences politiques incarne la vitalité culturelle des territoires hors des grands centres urbains.